dimanche 18 septembre 2005

à l'ombre d'un chêne...

C'était il y a longtemps déjà... Nous nous écrivions de belles et longues lettres. En voilà une, que vous m'aviez offerte comme prélude à nos jeux amoureux (M. qui sait aussi être e.) : "La scène se déroule entre Aubagne et Manosque, ou peut-être du côté du Boréon ou de la Tinée... Je serai pour l'occasion en gentleman-farmer, chapeauté d'un stetson et tout velours dehors... Déjeuner sur l'herbe, panier champêtre regorgeant de pâtés, fromages, viandes, fruits gorgés de soleil, bouteilles de rosé posées dans une écrin de glace... La torpeur nous envahit. Tu es couchée, les yeux noyés dans l'immensité d'un ciel céruléen. Je profite de ton abandon pour te ceinturer. En moins de deux seconde ta longue robe fleurie à la Marie Laurencin glisse sur la mousse verte... Nue et offerte. Je dirige tes pas chancelants vers un chêne noueux et robuste. Sous ma poussée tu enlaces le sombre tronc, quelques cordelettes attachent tes mains et tes pieds. Je m'éloigne en sifflotant et en sortant mon couteau de poche multi-fonctions (attitude et accessoires indispensables pour tout gentleman-farmer qui se respecte, n'oublions pas que non loin de là le 4X4 rutile au soleil). Je coupe dans la forêt quelques branches de noisetiers que je dénude, aiguise pour les transformer en baguettes souples et ondoyantes (je recueille malgré tout quelques noisettes qui pourront te consoler après la punition). Pendant ce temps, tu attends, inquiète et excitée, ta peau rose et soyeuse caressée par la brise estivale... Je reviens, déterminé, m'arrêtant à quelques mètres de toi, admirant ce beau modèle, et retroussant les manches de ma chemise, je m'apprête à commencer mon art... La musique de la baguette virevoltant dans l'air est un enchantement, sonate d'un Virtuose encanaillé par Charlus, l'air vibre et exulte, ton corps se cabre sous les coups qui sont autant de caresses. Tes fesses abandonnent toute pudeur, elles s'offrent, s'ouvrent comme la corolle d'une fleur, dévoilant ainsi de nouvelles parcelles de peau à la curiosité du fouet... La correction redouble bien sûr de vigueur devant tant d'impudeur. Tes petits cris accompagnent désormais le quatuor à cordes du noisetier. Opéra champêtre. Sirène entre souffrance et jouissance tu délivres ta prophétie. La fatigue de mon bras, bien plus qu'une coupable indulgence, m'incite à conclure une trêve. Je ne te libère pas tout de suite. J'admire mon oeuvre. Le bas de ton dos et ton écarlate cul, striés de bandes violacées. Joli tableau à la Miro. Nous ne sommes plus dérangés que par le vibrato du vent. J'allume un petit cigare. Tes cheveux ondoient tout doucement. Tu attends. Quelques larmes salées coulent sur ta poitrine. Je ne le sais pas. Tu sembles heureuse. Loin de ta falaise. Tes hydres sont prisonnières de leur lac. Des grains de sable flottent sur ta tête, jolie couronne pour une nymphe dionysiaquement fustigée. Je te libère. Je sais que tu as faim. Tu te jettes sur les restes de nourriture. Tu oublies de te rhabiller, la pudeur est restée accrochée au chêne désormais solitaire. Sa sève pleure aussi, rejoignant le petit ruisseau formé par tes larmes. Quelques fourmis en danger construisent un radeau de fortune. Tu t'endors, un sourire sur le visage". e. qui sait aussi être M.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Quel style... Quelle mélodie de mots. Un régal qui se renouvelle sans cesse.

AURORA

M. et e. a dit…

Merci beaucoup. Nous avons pris beaucoup de plaisir en répondant à votre questio-nombril.
En espérant accueillir sur le sentier de nos forêts d'autres promeneurs, qui s'aventureront peut-être dans votre sillage...