vendredi 30 novembre 2007

Passage comme une image

Comment écrire mon obéissance sinon par cette image ?
Comment exprimer ma dilection pour les corrections brûlantes et aimantes de ta main gantée ?

L'image peut-elle traduire l'émotion de l'instant, la naissance d'un cri ou la libération d'un soupir ? Est-elle capable de restituer la puissance de ce fouet torsadé, que je crains et désire tant ?

Peut-elle suivre la topographie complexe de notre épopée punitive, faite de coups et de caresses, de cinglements et de chuintements ?

L'image n'est-elle pas présente uniquement pour appeler sans pudeur une autre râclée, pour espérer dans une supplique esthétique, la répétition de la danse des demi-lunes ; pour rêver une représentation qui finirait par un nouvel abandon, toute volonté encordée et menottée, les chaussettes blanches en berne, réduit à l'état de vahiné, objet de désir, les fesses rougeoyantes, la peau sablée et striée, sans échelle ni échasses, nu et à Vous au poteau de nos étreintes ?

samedi 24 novembre 2007

Corset âme

J'ai lacé mon bustier et ajusté mes bas, pour vous attendre.

Lassée de vos caprices, j'ai posé, prudente, une cravache sur le lit.

J'espère la plus grande obéissance et ordonne les plus délicates attentions.

Maintenant, enlacez-moi et abandonnez-vous entre mes bras, entre mes lacets et mes lignes droites.

dimanche 18 novembre 2007

Désirs sans fards

Conversation lumineuse. Ils sont sept. Scribes ou soumis ? Bouddhas ou fétichistes des mâts ?

Ils n'ont pas froid. Installés au sommet d'une place, contemplant silencieusement la ville, ils attendent la tombée de la nuit pour s'exprimer.

Ils dialoguent et semblent en même temps se recueillir. Ils exposent également leurs fesses colorées. M. étudie déjà la conception d'un long fouet susceptible de titiller leur audacieuse résine et leur vibrante fibre de verre...

e. aimerait être le huitième de l'installation.

Il est certain que, depuis hier, nous ne regardons plus notre ville de la même façon.

Elle nous paraît désormais beaucoup plus folle, plus libre, plus moderne. Comme si nous avions traversé un espace-temps pour nous retrouver quelque part entre Barcelone, Paris ou Turin peut-être...

De nouveaux paysages du désir se profilent. Les campaniles, les grandes roues, le lacis des ruelles étroites de la vieille ville, les places ensoleillées regorgeant de cactus, les arcades majestueuses, tout semble transfiguré dans un nouveau territoire érotique et artistique, ouvrant la voie à l'aménagement de nombreux fantasmes...

vendredi 16 novembre 2007

corsé

Il est encore possible, en empruntant les chemins de traverse, de découvrir, au coin d'une rue, ces enseignes légèrement parfumées d'essences du temps jadis. Loin de la vulgarité des panneaux publicitaires de notre monde marchand, on se prend à rêver, on se laisse caresser par ces mains qui tirent malicieusement la corde, qui peut-être s'apprêtent à vous piéger.

J'imagine ainsi M., un jour, décider de cette cérémonie d'un bon d'âge raffiné et scénarisé. Des cordes de tout genre composeraient une robe de chanvre, une dentelle un peu serrée, légèrement moyenâgeuse, loin des saucissonnages de certaines pratiques, qui feraient parfois passer le sm pour une annexe de la boucherie Sansot.

Je serais ainsi enfin immobilisé, les demi-lunes relevées et exposées, prêtes à essuyer le feu des baguettes, badines et autres lanières de cuir. Prêtes, non pas à se tordre, à se dérober, à tenter une danse un peu balourde, mais obligées de s'ouvrir délicatement, contraintes d'esquisser des pointes - le cul en pointe, un défi - , amenées à littéralement se donner à la punition.

Immobilisé, mais aussi muselé, le châtié serait totalement dépendant du bon vouloir de la correctrice. Qui n'arrêterait son oeuvre qu'en fonction de sa fatigue ou des carmins obtenus sur son tableau de chair...

samedi 3 novembre 2007

Le bonheur est dans le pré

M. et e. ont profité de ce magnifique automne flamboyant pour prendre quelques jours de repos à la campagne. De quoi se reposer et se ressourcer avant d'affronter les rigueurs de l'hiver (e. en tremble déjà...). Au programme, promenades dans les champs et farniente au soleil. De jolies découvertes également comme cet étrange objet-appareil-jouet posé sur l'herbe d'un pré. M., qui a l'esprit très bien placé, y a vu un magnifique sex-toy, quoique hélas disproportionné... Elle imaginait très bien un paysan du voisinage, harassé par de longues heures passées au volant de son trépidant tracteur, venir s'y re-poser en toute discrétion... Quant à e., devant l'enthousiasme de M., il se mit à imaginer la réalisation d'un sex-toy maison pour amuser sa M-aîtresse (espérant également au plus profond de lui-même qu'elle s'amuse parfois à l'y empaler...). De quoi rejoindre la collection de Sex Machines photographiés par Thimothy Archibald (ici une interview avec photos de l'artiste) et exposée actuellement au Museum of Sex de New York... Amis du SM, à vos tournevis, perçeuse et marteau...