
Aujourd’hui une matinée volée se dessine pour « e. ». Une demi-journée de liberté non prévue à vivre au mieux. C’est toujours le moment des choix, difficile pour un e. versatile, volontiers indécis, et néanmoins soucieux de faire au mieux. Comment satisfaire au mieux M. et répondre aux nécessités du quotidien ?
- Première hypothèse : l’ouvrage, le travail intellectuel. Se replonger dans les livres, terminer un article, non pas pour le goût du travailler plus, mais bien pour la passion, l’amour de l’étude. Se perdre dans le choix de tel ou tel mot, la recherche de telle ou telle citation, s’affranchir du réel dans le sanctuaire du bureau. Et peut-être obtenir la reconnaissance de M. lisant les quelques pages produites.
- Deuxième hypothèse : plonger dans le réel, croquer le quotidien en retroussant les manches, en revêtant la tenue de soubrette. Ranger l’appartement, faire la poussière, passer l’aspirateur, préparer un petit plat pour le retour de M. ce soir. C’est sans doute un programme bien plus dans l’esprit, voire la norme du bon « e ».
- Ne rien faire, perdre son temps. Jouir du moment présent pour feuilleter une revue osée et un peu oubliée, surfer librement sur les sites amis, ou jouer aux échecs en ligne; s’abandonner à la rêverie de tel ou tel scénario, boire un café sur le balcon en méditant, faire un peu de gym en en écoutant tintinnabuler le joli carillon offert par M., et pourquoi pas s’offrir une petite sieste.
Cruelle et séduisante trilogie pour une balance. Ce n’est pas toujours facile d’être un « e. » laissé à lui-même. Surtout lorsqu'il s'agit d'un "e." multiple, à la fois studieux, attentionné, obéissant, capricieux, joueur, distrait...
C’est toute la difficulté de l’exercice bdsm tel que nous le concevons. Ne pas tomber dans les clichés d’une soumission normée, régie par des règles intangibles, ou d’un contrat stéréotypé qui pourrait même au moment de la réalisation nous faire rire. Non, nous préférons le vivre librement, naturellement au gré des envies et du contexte. Lorsque le quotidien absorbe notre temps, le moment de la réalisation peut cependant s’avérer délicat, difficile à concilier avec le maelström des obligations.
Il convient alors peut-être de trouver le juste équilibre entre la cage et le carillon…et pourquoi pas de suggérer, sinon un contrat, du moins une charte, ou un poème de règles. Quelques rimes sévères qui énuméreraient une échelle de punitions, sanctionnant telle ou telle faute pour donner un axe, un repère dans notre espace bdsm-vie réelle. Il resterait à trouver les justes châtiments, les trier, les ordonner, ensemble, à deux. Et les publier ici, avant de les chanter ensemble...